Perdue dans les Bois-Noirs, un « polar rural »?
Le « polar rural », appelé aussi « rural noir » est un sous-genre du roman noir et du roman policier qui se déroule dans un cadre rural. Il dépeint des paysages naturels et des communautés isolées, parfois marginalisées, au sein desquelles se déroule une enquête criminelle, parfois menée par des gendarmes. Cette enquête est souvent le révélateur des tensions et des secrets cachés des habitants.
Le rural noir intègre aujourd’hui des préoccupations contemporaines, comme les questions sociales ou environnementales. Il peut se rapprocher en cela du Nature Writing quand il met en scène la figure du héros solitaire au milieu d’une nature sauvage.
Le terme « country noir » a été employé pour la première fois en 1996 par l’écrivain américain de romans noirs, Daniel Woodrell, comme sous-titre l’un de ses romans, Give Us a Kiss, « a Country Noir ».
Cette expression, réfutée par son propre inventeur, sera ensuite reprise à partir des années 2010 par les maisons d’édition, les critiques littéraires, les bibliothèques, et même les universitaires. Notamment lors de la Journée d’étude du 2 mai 2018 organisée par l’Université de Poitiers « Quand le noir se met au vert : polar, ruralité, écologie » qui a donné lieu à la publication de la revue Belphegor « Dans la fabrique du polar vert : écopoétique et ruralité » 21-2 | 2023.
Voici quelques auteurs et romans qui pourraient être classés dans ce genre: Sandrine Collette (Des nœuds d’acier), Colin Niel (Seules les bêtes), Benoît Minville (Rural noir), Franck Bouysse (Plateau), Nicolas Mathieu (Aux animaux la guerre), Karine Giebel (Jusqu’à ce que la mort nous unisse).
J’ai découvert l’existence de ce genre bien après l’écriture de mon roman. L’envie d’écrire un polar rural me venait de plus loin.
Mes grands-parents paternels avaient une petite ferme au milieu des bois, dans les monts du Forez. Contrairement à certains citadins, je n’ai jamais eu une vision idéalisée de la vie à la campagne dans les années 50-60.
Mon père, pourtant attaché à cette terre, évoquait souvent la vie rude d’enfant qu’il avait vécue. Les 10 kilomètres de dénivelé pour se rendre à l’école. L’eau à aller chercher au puits et les toilettes au fond du jardin – que j’ai aussi connus. Le patois qu’il avait dû gommer de sa bouche pour ne pas recevoir des coups de règle sur les doigts. Les travaux des champs éreintants. Les marginaux isolés vivant dans des conditions précaires.
Il avait malgré tout un attachement particulier à ces monts vallonnés de forêts et de champs, à la culture paysanne qu’il m’a transmis.
L’odeur de la résine et le contact du bois raboté. Le goût des marrons grillés au coin du poêle. Les chiens de ferme qui vous supplient du regard de vous laisser la fin de votre assiette. L’odeur du lait frais chaud qui sort du pis de la vache.
Je me suis toujours sentie revivre au milieu de la forêt. L’odeur des feuilles mouillées et des champignons. La résine fondue qui embaume les soirs d’été…
J’ai retrouvé ces odeurs, ces bruits, ces lumières de l’enfance dans les histoires de famille de la littérature régionale. Elle envahissait les rayons des bibliothèques de mon grand-père maternel ou de mon père, très attachés aux histoires qui se passaient dans le monde paysan de leur jeunesse.
Adulte, je n’ai pas eu envie d’écrire des histoires qui se déroulaient au XIXe ou dans la première moitié du XXe, comme c’est souvent le cas dans la littérature régionale ou rurale. Je voulais évoquer le monde paysan d’aujourd’hui, ses difficultés, ses contradictions inévitables, ses espoirs…
J’ai conscience de ne pas avoir été originale en mêlant polar et milieu rural. Mais je serai fière qu’on dise de mon premier roman, Perdue dans les Bois-Noirs, et des tomes qui suivront qu’il s’agit de « polars ruraux »…
Perdue dans les Bois-Noirs vous plonge au cœur de la forêt d’Auvergne. Ce roman a remporté le Prix du Premier roman de la ville de Mennecy 2024 et est sélectionné pour le Prix Lucien-Gachon 2025 et le Prix de littérature régional du Lions Club, district Ile de France Ouest 2025.
Un étang au milieu des Bois-Noirs. Le corps d’une jeune fille noyée. Un secret familial enfoui depuis plus de trente ans qui remonte à la surface. Face au danger qui rôde, un père et sa fille parviendront-ils à se reconstruire et à se reconnecter ?
Bande-annonce
Reportage France 3 sur les lieux du polar
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