Je tiens mon premier blog dans les années 2000. De l’autre bout du monde. Sur MSN. Je commence par écrire de longs mails à mes amis pour raconter les anecdotes de mon installation au Canada. Une manière de me libérer par l’humour du stress des déconvenues et péripéties imprévues. Je décide d’en faire un blog. J’écris chaque jour une nouvelle anecdote.
Comment je comprends tellement mal l’anglais que je ressors de la boutique Subway avec un sandwich de «twelve inches» (30 cm). Le stress de repasser mon permis canadien en ne cédant pas la priorité à droite et en roulant trop doucement sur l’autoroute. Comment je donne des cours de français devant un Frappucinno et un Banana Bread au Starbucks. Le jour où je crève une roue à cause des aiguilles de pin de l’allée et roule sur une centaine de mètres, pensant juste que ma voiture automatique fait un drôle de bruit. Les moments de solitude où je me retrouve dame de cantine à réchauffer des centaines de boites à lunch dans deux micro-ondes. Comment j’ai peur le matin de me trouver face à face avec un ours. Le moment où je rencontre mon premier raton laveur dans ma poubelle sur le « deck » de la maison.
Au bord de l’Océan Pacifique, face aux panneaux indiquant «Tsunami hazard zone», je me sentais au bout du monde. À mon retour en France, j’ai supprimé le blog mais récupéré tous les messages. Je réalise aujourd’hui que ces près de 500 posts sont une matière vibrante qui ne demande qu’à être réécrite.
Mon prochain roman se passe à Vancouver. See you soon…
« Votre boulot n’est pas de trouver [des] idées, mais de les identifier lorsqu’elles font leur apparition. »
Stephen King, Écriture : Mémoires d’un métier
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