La dernière lecture de ma grand-mère a été mon roman.
Il n’était pas encore fini mais je voulais absolument qu’elle le lise. Je l’avais imprimé rien que pour elle dans un format livre. Elle est tombée malade avant de le recevoir.
À l’hôpital, elle était fière de le montrer à ses infirmières. Elle disait, c’est ma petite fille qui l’a écrit. Elle trouvait que le résumé de quatrième de couverture ressemblait à du Musso.
Puis, elle est rentrée chez elle. Elle ne pouvait plus lire seule.
Ma mère lui a lu le roman à voix haute, en plusieurs sessions. Ce n’était pas facile car ma grand-mère avait du mal à se concentrer longtemps.
Quand je l’ai revue, elle m’a parlé du roman. De ses petites impressions. Elle a souligné la précision des détails. Sans me dire si elle avait aimé.
Je ne sais pas ce qu’elle a compris de l’intrigue générale. Quand elle m’en a parlé, elle mélangeait un peu les personnages et inventait des éléments qui ne leur étaient pas arrivés. Je l’ai laissé parler, très émue qu’elle me fasse son retour, comme au temps où elle partageait ses lectures avec moi.
C’était sa dernière lecture.
Je pense très fort à elle au moment où j’écris ce message.
« Le temps de lire, comme le temps d’aimer dilate le temps de vivre. »
Daniel Pennac
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